Il y avait effervescence ce dernier samedi précédent les élections européennes. Du monde partout. Devant le beffroi, comme d’habitude pourrait-on dire, place de la Vaquerie, où l’achat de légumes se mêle à la rencontre des copains-copines (je me suis rappelé que l’on dit « Vaquer à ses occupations »), mais aussi sur la place d’Ipswich, si sinistre habituellement, qui était devenue bien vivante avec cette belle fête de la bière artisanale et souvent bio. Bien sûr, les cafés de la place des héros étaient pris d’assaut et je me suis dit que le bonheur tenait à peu de choses et que l’espace public était le lieu vital des villes : le lieu où les gens se frottent, se causent et font la société, dans sa grande diversité.
Revenons au beffroi, lieu habituel de rassemblement et de rendez-vous. Je m’attendais à y trouver les représentants des 33 listes européennes s’écharper dans un espace trop petit pour eux. Eh bien non ! Le pied du beffroi était pris d’assaut par les personnes ayant monté un dossier au titre du budget participatif de la ville d’Arras. Le vote étant possible du 15 mai au 15 juin, le nombre de voix des arrageois étant déterminant, on comprend la motivation des candidats à défendre leurs projets.
Les budgets participatifs peuvent être mis en place par les collectivités : ce n’est pas une obligation. Mais reconnaissons que, à un moment où beaucoup se désintéressent de la vie publique, c’est un formidable moyen de rendre le citoyen acteur dans sa cité. Arras y consacre 150 000 € sur son budget 2019, pour des projets « d’intérêt général, dans votre votre rue, votre quartier ou l’ensemble de la ville ».
Dans le Grand Débat National, la question suivante était posée : « Que faudrait-il pour renouer le lien entre les citoyens et les élus qui les représentent ?». Pas facile d’analyser le retour des réponses à cette question sur le site web du Grand Débat. Alors je me suis inspiré d’un article du Monde du 2 octobre 2018 : il était écrit que 80 villes françaises ont mis en place des budgets participatifs pour une population de six millions de Français. L’idée est née au Brésil, à Porto Allegre, en 1989, lancée par le parti des travailleurs. Paris y consacre 100 millions d’euros soit 5 % de son budget d’investissement. « Les habitants qui participent au budget participatif cherchent d’abord à améliorer leur cadre de vie ou à favoriser la nature en ville : poser des bacs à fleurs, aménager une place, développer des potagers ou des ruches urbaines… » dit l’article. Puis viennent les propositions concernant la mobilité… Pour Arras, 14 dossiers retenus touchent à l’environnement et au cadre de vie.
Lors de ma déambulation de ce samedi, j’ai croisé une jeune très motivée qui a suivi l’année dernière, au CPIE, les formations dispensées pour la formation de guide Nature Patrimoine Volontaire (GNPV). Elle a déposé un dossier nommé « Jard’in ARRAS : Un jardin participatif en centre ville ». Je vous le dis : c’est un bon dossier.
Parmi les autres projets, "Action nature et création d'un label Ecol'O" propose de sensibiliser les élèves au respect de l'environnement et au développement durable par le biais de différentes actions (compostage, ramassage des déchets, plantations...), et a été accompagné par le SMAV et le CPIE Villes de l'Artois.
Arrageois, vous avez jusqu’au 15 juin pour voter, en toute liberté, bien sûr ! www.budgetparticipatif.arras.fr
Philippe Druon,
Président du CPIE Villes de l'Artois